En 2020, la pandémie continue de frapper le territoire mondial et contrait les danseur.euse.s à performer sur scène. La Compagnie de danse Norrdans décide ainsi de mettre en place une tournée, consistant en une série de performances en extérieurs créées et dansées par les danseur.euse.s, nées d’une collaboration entre Martin Forsberg et Tove Berglund. 

 

Rebecka Berchtold et Alban Ovanessian signent ainsi le duo « rosa.svart.station », un équilibre chorégraphique entre leurs propres pratiques artistiques respectives. La première étant basée sur une technique d’improvisation abordant le corps comme texture, une objectification de sensations, une approche non confirme à l’émotionnel mais à la sensation primitive du mécanisme du corps humain. 

La seconde étant accès sur une collection de dates qui ont impactées ou généré une interaction physique avec le corps, relié à une pratique physique qui ainsi sera rephysicalisé. 

 

À l’aide de ces deux procédés de création, une partition de mouvements personnels et candides, sur des points de rendez-vous méticuleux dans l’espace, aborde une danse comme une unité au croisement d’expériences, certaines communes, d’autres personnelles. Passé et présent se tressent, mettant en exergue les similitudes de leurs vécus respectifs. 

 

Un jeu de relation prend ainsi place. 

 

Les deux performers architecturent avec précision et rigourosité leurs mouvements entrecroisant directions et orientations mais se différenciant par leurs configurations corporelles : leurs intentions s’accordent et s’affinent au fur et à mesure générant une adéquation visuelle et poétique. 

 

Des bras longs et horizontaux. Un angle ponctué par un claquement de mains.  Des placements d’échiquier. 

 

La résurgence de leur danse aux mouvements disparates et singuliers s’apposent sur les lignes buissonnières et labyrinthiques des paysages scandinaves. Les points de repères ne sont plus les angles d’un mur, ni le miroir frontal d’un studio mais la présence d’arbres centenaires, la chute d’une cascade, la bordure d’un champ. 

 

Posé dans un coin, une radio est allumée, diffusant un hit de la pop suédoise des années 90, un morceau de hard rock metal, une balade romantique et démodée. A chaque performance, les deux danseurs se branchent sur une chaîne de radio. Leur seule envie, danser sur ce qu’ils ne connaissent pas contrastant ainsi avec leur partition chorégraphique millimétrée et inscrite comme un récit de vie. 

 

Ce duo prend ainsi un sens différent selon la dramaturgie musicale de l’instant, théâtralisant leur récit sous des narrations parfois ironiques, parfois mélodramatiques où s’échangent quelques sourires et regards chauds, tel un ton de pique-nique dit « VAR VAR » en suédois. Une invitation à questionner la relation des corps en mouvement, qui parfois n’est simplement qu’un dialogue quand le désir nous prend.